Retour vers l'histoire du monastère
Bref résumé de la vie de Saint Alexis d'Ugine (Une Vie de saint Alexis d'Ugine plus complète est disponible au Monastère. Existe en français, en russe et en anglais.)
Le 4 février 2004, le Patriarcat œcuménique de Constantinople publia un acte d'insertion dans la liste des saints de cinq personnes ayant vécu en France, dans la juridiction des églises russes en Europe occidentale, au courant du vingtième siècle: quatre nouveaux Martyrs Prêtre Dimitri, Moniale Marie, Georges et Élie, et le saint prêtre Alexis Medvedkov d'Ugine († 1934). Puis, le dimanche 2 mai 2004, en la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky à Paris, Son Éminence l'Archevêque Gabriel de Comane, exarque du Patriarche œcuménique, proclama solennellement leur sainteté. A cette occasion, il désira que les précieuses reliques de saint Alexis d'Ugine, qui reposaient jusqu'alors en la crypte de l'église de la Dormition au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, soient plus accessibles aux fidèles et puissent être vénérées. Aussi décida-t-il de leur translation au Monastère Notre-Dame de Toute-Protection.
Saint Alexis naquit le 1er juillet 1867, dans un village nommé Fomistchevo (district de Viazma). Jean Medvedkov, son père, était prêtre de campagne et sa mère s'appelait Léonille. Son père mourut peu après sa naissance. Alexis Medvedkov suivit d'abord le cursus de l'école ecclésiastique, puis il étudia au séminaire de Saint-Pétersbourg. Il termina le séminaire en 1889 et devint lecteur à Saint-Pétersbourg. Jamais il n'eut d'autre perspective pour son avenir que celle du sacerdoce. Demandant conseil à ce sujet au futur saint Jean de Kronstadt, il reçut cette réponse: «C'est une bonne chose que tu aies la crainte de Dieu; (…) demande l'ordination sacerdotale». Le 24 décembre 1895 eut lieu son ordination diaconale et, deux jours plus tard, il fut ordonné prêtre. On lui assigna la paroisse de la Dormition de la Mère de Dieu à Vrouda (district de Yambourg, province de Saint-Pétersbourg). Il resta vingt-trois ans dans cette paroisse pauvre, à laquelle treize bourgs des environs étaient aussi rattachés.
La révolution de 1917 vint douloureusement bouleverser son existence. Il fut arrêté par la Tchéka, battu, torturé − son visage en garda les marques durant toute sa vie. Il fut libéré grâce à l'intervention de sa fille aînée qui se proposa en otage pour lui. En 1919 commença l'exil, tout d'abord en Estonie. Il dut travailler dur comme ouvrier dans une mine de schiste puis comme gardien de nuit. En 1923, l'Église orthodoxe estonienne attribua au père Alexis l'importante paroisse de Ievvé comme prêtre surnuméraire. Il fut aussi recteur de la modeste paroisse de son village, où de nombreux émigrés russes étaient réunis. Son épouse tomba malade vers 1926 et finit par s'éteindre en 1929. En 1929 mourut également l'archevêque russe Eusèbe qui, seul, soutenait le père Alexis. Désormais les Estoniens ne laissaient plus ce dernier œuvrer pour l'Église. En désespoir de cause, il se tourna vers l'Europe occidentale.
En 1929, il s'adressa au Métropolite Euloge, en France, et le pria de bien vouloir l'accueillir dans son diocèse. C'est ainsi que saint Alexis fut envoyé à Ugine en Savoie, comme recteur de la paroisse Saint-Nicolas qui venait d'être créée. La communauté était constituée, pour une bonne part, d'anciens militaires russes employés par l'usine de métallurgie. Modeste, effacé, priant, le père Alexis se heurta à l'opposition d'un groupe de ses paroissiens. Avant sa venue, les réunions paroissiales étaient déjà parfois houleuses, en raison de divergences de points de vue ecclésiaux et politiques. L'humilité, la douceur du père Alexis, son recours à Dieu par la prière lorsqu'une question délicate se posait n'étaient pas toujours bien compris, surtout des anciens militaires qui avaient une autre conception de l'autorité. Une plainte fut déposée auprès du Métropolite Euloge. Celle-ci eut pour effet de mobiliser la majeure partie des paroissiens en faveur de son recteur. Il s'avéra alors clairement que les contestataires n'étaient qu'une petite minorité. Monseigneur Euloge maintint donc le père Alexis dans ses fonctions, et un nouveau conseil paroissial fut élu. Le père Alexis, épuisé par les nombreuses épreuves endurées, tomba gravement malade et fut hospitalisé à Annecy en juillet 1934. On diagnostiqua un cancer de l'estomac, qui se généralisa très vite. Prodiguant ses dernières recommandations à ses visiteurs, priant sans cesse, il réclama que ceux qui l'avaient calomnié viennent à son chevet afin qu'il puisse leur demander pardon, et bénit tous ses paroissiens. La veille de sa mort, ses voisins d'infortune l'entendirent chanter des chants liturgiques. Il remit son âme à Dieu le 22 août 1934.
En 1953, la municipalité d'Ugine décida de construire des immeubles à l'emplacement du cimetière. Il fut alors proposé aux familles de faire transférer les dépouilles de leurs proches dans un nouveau cimetière, dans un délai de cinq ans. A cette occasion, le prêtre de la paroisse Saint-Nicolas fit aussi déplacer les restes du père Alexis. En août 1956, les fossoyeurs se mettent à l'œuvre sur sa tombe… A la surprise de tous, on découvre que le corps du père Alexis est demeuré complètement intact. Resté trois jours à l'air libre dans une chaleur torride, le corps ne subit aucun dommage. Le Métropolite Vladimir met alors beaucoup d'ardeur à organiser le transfert du corps incorrompu du saint pasteur d'Ugine au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Dans cette intention, le cercueil est à nouveau ouvert le 30 septembre 1957 et le même prodige est constaté une nouvelle fois: le corps n'a pas changé depuis la dernière inhumation. Le cortège s'achemine vers la région parisienne, faisant étape à Bussy-en-Othe, au Monastère Notre-Dame de Toute-Protection, sur la demande instante de son aumônier le père Paul Poukhalsky.
Tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption (Ps 15, 10)
Le 12 octobre 2004, arrivée des reliques du saint et juste Alexis d'Ugine à Bussy-en-Othe.
Le reliquaire fut préparé par trois archimandrites venus de la Laure des grottes de Kiev (Ukraine).
Au son du carillon, il fut accueilli dans l'église de la Transfiguration par la Révérende Mère Abbesse OLGA et toutes les sœurs de la communauté.
Le reliquaire en bois fut placé à l'intérieur d'un sarcophage taillé en pierre de Bourgogne. Un office d'intercession fut aussitôt célébré. Le soir, durant les vigiles en l'honneur du saint, le clergé chanta un hymne acathiste à saint Alexis, création de Mgr Paul de Tracheia, présent à la cérémonie.
Retour vers l'histoire du monastère